La culture constructive française se retrouve le plus généralement du côté de la « pierre » au sens large, et de la maçonnerie en particulier. Une tendance parfois décriée, puisqu’elle a, dans les années 50 à 70, pu mener à certaines faiblesses du bâtiment avec les contre-performances thermiques que l’on connaît. Mais, depuis une décennie, nous assistons au développement d’une autre manière de construire en maçonnerie : la construction Monomur. Terre cuite, béton cellulaire, pierre ponce, argile et verre expansés : des matières nobles prêtent leurs vertus à ces éléments de nouvelle génération. À la fois performante et respectueuse de l’environnement, cette démarche a tout pour plaire.
En règle générale, un bâtiment, quel qu’il soit, est constitué par deux types de matériaux qui, chacun, joue un rôle bien distinct dans la construction :
Ces blocs, déclinés dans différents matériaux (terre cuite, béton cellulaire, pierre ponce), proposent une nouvelle solution constructive, avec des éléments à la fois porteurs du fait d’une très grande résistance mécanique et isolants grâce à leur constitution interne. Signe distinctif de ces blocs : une forte proportion d’air enfermé dans le matériau, pour un fort pouvoir isolant, combiné à une épaisseur importante (entre 30 et 40 cm). Conséquence directe : à partir d’une certaine épaisseur, les blocs Monomur disposent d’une résistance thermique très honorable (R de 2,5 à 3,5 m².K/W, sur des produits conventionnels, et ce R peut aller au-delà de 6 ou 8 avec des blocs innovants ou des épaisseurs exceptionnelles).
Ces éléments apportent une autre valeur ajoutée à la thermique du bâtiment : ils améliorent le confort (qui plus est le confort d’été) grâce à l’apport en inertie. En effet, les blocs Monomur se distinguent par leur masse indéniable combinée à une capacité thermique importante ce qui les rend capables de ralentir, en les stockant, les flux de chaleur. Le décalage ainsi créé permet d’éviter les surchauffes estivales.
Côté étanchéité, là encore, la construction Monomur apporte des réponses concrètes à la réglementation thermique, qui fixe des exigences sur la perméabilité à l’air de l’enveloppe. Première d’entre elles : un assemblage des blocs approprié à ces exigences. Les joints verticaux sont rendus inutiles par le système d’encastrement latéral des briques entre elles : seuls les joints horizontaux sont nécessaires. C’est ce qu’a prouvé une étude du FCBA de septembre 2011, réalisée sous la commande de la Fédération Française des Tuiles et Briques (FFTB).
Second point : « L’étanchéité, sur des constructions maçonnées de ce type, est traditionnellement assurée par l’enduit extérieur » nous explique t-on à la FFTB. Si la technique peut sembler aléatoire, voire peu précise au regard des (r)évolutions actuelles en termes de membranes, les résultats parlent d’eux-mêmes. Car des tests en laboratoire, réalisés il y a plusieurs années, mettent en évidence l’excellente étanchéité à l’air des bâtiments testés (tests sur du Monomur terre cuite) avec un résultat moyen de 0,4 m³/h.m² sous 4 pascals. Ces bons résultats, outre la technique de l’enduisage, sont aussi dus à un progrès des machines à enduire qui assurent une pression constante et une parfaite homogénéité de cette couche protectrice. Notons que les blocs pierre ponce et les blocs d’argile et verre expansé répondent à une technique de pose différente (pose avec un mortier réalisé dans la matière même du bloc) avec réalisation des joints verticaux et horizontaux au mortier. Une technique sensée régler la question de l’étanchéité dès l’assemblage.
En outre, au-delà de l’aspect isolation, la construction Monomur offre d’autres intérêts. Renouveau de la construction maçonnée, cette démarche va de pair avec la technique de pose à joint mince qui tend, peu à peu, à remplacer la pose des briques au mortier. Si les joints minces existent depuis longtemps, la technique demeurait confidentielle. Avec les blocs Monomur, ce mode de pose est en train de supplanter la pose traditionnelle à la truelle. Les avantages sont nombreux, tant pour les professionnels que pour les maîtres d’ouvrages. Au premier rang des améliorations, l’économie de matière (et l’énergie pour la poser) : puisqu’aux 7 tonnes de mortier autrefois mises en œuvre se substituent quelques centaines de kg de colle avec les joints minces (les types de mortier-colle variant selon les blocs). Un progrès qui est également environnemental puisque cette économie de matière représente également une importante économie en eau. Le temps de séchage et donc les délais de construction sont d’autant raccourcis. Enfin, ce mode de pose n’est possible qu’à la condition d’une précision certaine : la fabrication des blocs devient donc de plus en plus attentive et les blocs d’être rectifiés au dixième de millimètre, tandis que la pose et l’assemblage deviennent une affaire minutieuse. En résultent des constructions de leur temps : performantes, rationnelles et érigées avec un vrai souci du détail pour une enveloppe sans faille.
Les blocs Monomur sont enfin des matériaux intéressants du point de vue de l’éco-construction. Pierre ponce, terre cuite, béton cellulaire... les matières sont nobles, les ingrédients naturels et les procédés de fabrication relativement simples. Pour tous les blocs, un même objectif : faire gonfler une pâte comme un soufflé et trouver un juste équilibre entre grande résistance et importante présence d’air dans les cellules. Pour ce faire, certains matériaux misent sur la cuisson pour réaliser ce prodige, d’autres sur une réaction chimique (de l’ordre de l’ef- fervescence). Certains réclameront de fortes températures (le bloc terre cuite), d’autres des températures de cuisson plus basses, voire pas de cuisson et un simple séchage (bloc pierre ponce)... Cette étape est souvent étudiée de près pour comparer l’énergie grise des uns et des autres... qui ne sont pas égaux face à l’énergie dépensée lors de la fabrication. Une fois secs, ces blocs sont inertes et relâchent peu, voire pas, de composés organiques volatils. En découle une totale innocuité pour la qualité de l’air intérieur, sous réserve de ne pas utiliser de produits émissifs en finition. Ils ont également une action intéressante sur la gestion de l’humidité et ne pâtissent aucunement de son passage. Pour finir, ces matériaux sont biodégradables, recyclables en théorie et surtout valorisables.
Habitat Naturel n°79 : Blocs isolants : points de vigilance / maison passive
Habitat Naturel n°72 : Ode à la terre cuite / Béton cellualire pour maison passive