A l’heure où le nombre d’allergies et maladies professionnelles (troubles du système nerveux, digestif, respiratoire) se multiplient, on s’interroge sur la toxicité des produits utilisés dans l’habitat et plus précisément en décoration. si l’industrie a fait d’énormes progrès, seules les finitions dites « naturelles » affichent clairement leur composition. Bruno Gouttry, formateur aux Ateliers du Mathais et auteur de deux ouvrages chez Terre Vivante, nous livre quelques recettes !
Il est vrai que l’on passe plus des trois quarts de notre temps dans un habitat. Ces lieux ont été pendant des années construits ou rénovés avec des produits de synthèse aujourd’hui largement montrés du doigt. Une partie importante des constituants des produits employés s’évapore durant le séchage et se retrouve dans l’air que nous respirons. Ces émanations sont très importantes les jours qui suivent l’application et se prolongent parfois plusieurs mois, voire plusieurs années.
La toxicité des peintures est surtout due aux solvants qu’elles contiennent : white spirit, benzène, toluène... On retrouve dans les peintures à l’eau les fameux éthers de glycol et le formaldéhyde. Ces éléments sont cancérogènes et sont portant encore utilisés. Les revêtements muraux et les colles utiles à leur application ne valent pas mieux. Ils contiennent et émettent des COV en fortes quantités. Ils sont le réservoir de polluants chimiques et d’allergènes.
Les peintures naturelles ont l’avantage de ne dégager aucune substance après leur séchage complet, soit environ 8 à 10 jours pour qu’elles soient sèches à cœur. Il en faut bien plus aux peintures solvantées ou aux peintures à l’eau pour cesser d’émettre.
Qu’elles soient à base d’eau ou d’huile, les peintures naturelles ne sont constituées que de composants d’origine naturelle : charges d’origine minérale (craie, argile, chaux, silicates...), pigments minéraux ou végétaux garantis sans métaux lourds, liants provenant de résines de conifères, propolis, huiles végétales ou encore caséine (un sous-produit du lait).
Tous ces constituants sont issus de la nature et l’homme les côtoie depuis plusieurs décennies voir des millénaires.
Ce n’est pas parce qu’il est naturel qu’un constituant est forcément bon pour l’homme. Il est indispensable de douter de l’innocuité de tous les produits.
Durant l’utilisation, certains produits peuvent provoquer des allergies - caséine, huile végétale, essence d’agrume... - ou des gènes passagères. Il est donc important de bien ventiler les pièces pendant les travaux et surtout de connaître la composition des produits utilisés.
Les fabricants de peinture naturelle se doivent de fournir la liste des ingrédients. Dans la plupart des cas, elle figure sur l’emballage. Si ce n’est pas le cas, le revendeur doit pouvoir fournir la fiche de donnée de sécurité (FDS) où la composition complète doit figurer. Si elle n’y figure pas ou si la liste vous oblige à faire des recherches dans un dictionnaire de chimie, passez votre chemin.
Pour l’intérieur
Ingrédients et quantité : pour environ 10 m² en 2 couches.
Préparation :
Conservation : quelques jours.
Support : plâtre, plaque de plâtre, chaux, terre, ciment, bois et ancienne peinture mate.
Application :
C’est une peinture rustique qui ressemble au badigeon de chaux. Transparente quand on l’applique, elle blanchit en séchant. Elle permet des effets de matière en travaillant à la brosse à badigeon et en X. Pour un résultat plus uniforme sur les murs il est conseillé d’utiliser un rouleau.
Pour l’intérieur
L’argile ne nous permet pas de travailler en épaisseur, sinon elle fissure en séchant. Il faut la mélanger avec un agrégat : sable ou poudre de marbre, si vous souhaitez un enduit plus fin. L’utilisation d’une terre minérale du jardin est possible après avoir été tamisée. Utiliser un sable de 2,5 mm au maximum.
Le dosage est en fonction de la quantité d’argile. Il faut moins de 30 % d’argile pour que l’enduit ne fissure pas.
Ingrédients et quantités
Compter environ 5 kg de mélange sec (argile et sable) par m²
Préparer le mélange plusieurs heures à l’avance et en quantité suffisante pour la surface à traiter.
Conservation : à l’état liquide, plusieurs semaines et sec, pendant des années.
Support : corps d’enduit en terre, chaux, ciment. Sur les supports lisses types plâtre, plaque de plâtre et ancienne peinture mate, appliquer une sous-couche d’accroche après les avoir préparés comme pour une peinture.
L’application : Le mortier est étalé au platoir et à la truelle. Au fur et à mesure qu’il durcit, il est travaillé à la taloche ou avec une lisseuse jusqu’à obtention du résultat souhaité. Après séchage complet, essuyer l’enduit avec une éponge humide suivie d’une balayette pour éviter le farinage éventuel. Pour les retouches, il vous suffira de remouiller la zone abîmée et remettre de la matière avant de repasser un coup d’éponge.
Pour l’intérieur et l’extérieur
Ingrédients et quantité
Pour environ 15 m² en 1 couche :
Préparation :
Conservation : quelques semaines au frais dans un récipient bien fermé.
Support : bois résineux de préférence, neuf ou ancien, non raboté ou pas trop lisse et non peint.
L’application : Une première couche peut être appliquée diluée avec un peu d’eau. L’application se fait à la brosse dans le sens des fibres du bois. Cette peinture est très épaisse et très opaque, mais se passe très bien. Nettoyer immédiatement les outils avec de l’eau.
Bruno Gouttry, artisan peintre en Rhône-alpes, passionné de couleurs et d’écologie, a créé en 2001 l’entreprise anachromie, première entreprise de la région à se spécialiser en peintures et enduits naturels. Ses convictions écologiques le poussent à tout mettre en œuvre pour démocratiser, dans le bâtiment, l’utilisation de produits respectueux du bâti, de l’homme et de l’environnement. Membre de différentes associations (pour bâtir autrement, Maisons Paysannes du Rhône, asterre...), il multiplie les interventions sous forme de conférences, d’articles de presse et devient formateur dans toute la France et en suisse.
Chez Terre Vivante
Il publie deux livres « Peintures et enduits bio » en 2010, « j’entretiens mes boiseries... au naturel » en 2012, aux éditions Terre Vivante où il préconise de multiples recettes et conseils pour apprendre à faire soi-même naturellement. En 2013, il crée un centre de formation « Les ateliers du Mathais », dédié à la finition, à la décoration et à la rénovation du bâti. L’objectif est de créer un lieu d’échanges d’informations pour que notre patrimoine (maisons en pierre, bois ou pisé) puisse perdurer et être correctement entretenu. il s’agit bien sûr d’initier le professionnel à des produits et des techniques plus propres et d’aider le particulier dans sa restauration et/ou l’auto-construction de son habitat.